Une organisation complexe et ramifiée

mercredi 28 novembre 2007

Etre précepteur : une vocation ?

Extrait d'un discours de Chari à la réunion de précepteurs du 10 mars 2008, au CREST (Bangalore, Inde), intitulé "Nous travaillons pour nous-mêmes" :

"(…) Je voudrais déclarer que c’est probablement la seconde conférence de précepteurs sérieuse. Nous en avons eu littéralement des centaines depuis le moment où j’ai rejoint la Mission, en 1964. Des tas de discours — sans direction, sans objectif, sans orientation (…) Vous autres ici, vous devez tout d’abord reconnaître ceci — que vous n’êtes rien de plus que des machines, même dans votre travail de précepteur (…) Babuji a dit : « Les précepteurs sont les artères de la Mission. » C’est comme, vous savez, si vous imaginez le cœur comme, disons, l’ordinateur central d’où tout doit s’écouler, comme la circulation dans les artères. Et s’il y a un blocage dans une artère, il nous faut un pontage ou un ‘stent’(petit tuyau en plastique). Et la seule personne qui puisse faire cela est, là encore, le Maître. Aussi Babuji a dit : « J’ai fait des précepteurs et plus j’ai fait de précepteurs plus je me suis créé de travail pour moi-même. » (…) Et la seconde grande vérité : il a dit : « Là où j’ai plus d’un précepteur, j’ai créé des problèmes pour ce centre. » Car il y a deux groupes de pouvoir, il y a les problèmes d’ego, les luttes d’ego, les querelles d’ego, et parfois les centres se sont scindés en deux, en trois.
Nous avons vu cela dans un état très accentué, très exagéré, très dommageable, ici à Bangalore où l’un de nos précepteurs nous a quittés pour entreprendre cette chose stupide qui s’appelle la ‘Méditation Pyramide’ ; et deux groupes se sont créés, l’un pour et l’autre contre. Et là, l’un de nos ashrams fut occupé de force, illégalement et enregistré au nom d’une organisation fictive ; par la suite, nous avons pu le réintégrer dans la Shri Ram Chandra Mission avec l’aide de la police et de la justice. C’était illégal, c’était criminel et cela avait été commis par des soi-disant précepteurs hautement développés de la Mission (…) Ainsi va le Sahaj Marg, voyez-vous. Quand des seniors précepteurs censés se trouver dans la Région centrale peuvent violer les principes d’honnêteté, de décence pour adopter une conduite criminelle et illégale et transférer des biens de la Mission à une autre organisation, où va la Mission ? Ceci n’est arrivé nulle part ailleurs. Parce que trop de pouvoir avait été donné par Babuji Maharaj à cause, disons, d’une nécessité. Je lui ai demandé : « Aviez-vous confiance en ces personnes ? »Il y a longtemps. Il répondit : « Je devais démarrer le travail, » et je veux bien répéter ses mots en Hindi : il a dit : « Jo bhi latt mil gaya, humne usko khada kar diya. (J’ai donné la responsabilité à qui j’ai pu trouver.) »


Ainsi vous voyez, cette première génération de préfets ou de précepteurs, comme vous voulez les appeler, ils étaient tout à fait comme ces poteaux qu’on met pour étayer quand on construit un toit — ils sont là pendant vingt-deux jours, le temps que le béton durcisse, puis on les enlève et on les brûle. Il y en a ici beaucoup qui se sont opposés à la volonté de Babuji dès le début et qui ont vu, j’espère, la lumière, et leur présence ici est un témoignage de l’influence de Babuji sur leur cœur pour remettre leurs services dans le droit chemin. Le sang doit couler dans les artères qui sont destinées à cela et non pas suinter des artères ni couler dans le sens inverse vers les veines. Cela est désastreux. Vous savez, c’est comme le courant allant dans le mauvais sens, cela donne un court-circuit et il y a une coupure de courant.

Ainsi le travail des précepteurs doit être canalisé, doit aller dans le bon chemin, dans la bonne direction, selon les bons principes, avec de bons motifs, l’objectif étant seulement d’assister le Maître en nettoyant les abhyasis pour les préparer afin que le Maître fasse ce qu’il souhaite faire avec eux (…) Quand une artère est bloquée, elle est inutile. Si on doit créer un pontage, souvent on coupe une portion, la portion bloquée, et on fait une boucle.

Nous avons eu malheureusement trop de précepteurs dans un passé récent que nous avons dû éliminer. Pas plus tard que la semaine dernière, trois précepteurs de Thrissur ont dû être démis à cause de leur indiscipline, ils s’opposaient à l’autorité et cherchaient à créer du séparatisme. Malheureusement, dans le Sahaj Marg, il n’existe pas de mot tel que ‘punition’ car le Sahaj Marg ne reconnaît pas l’existence des opposés comme vice et vertu, bien et mal. Il reconnaît seulement celui qui travaille et celui qui ne travaille pas et si un précepteur, ayant volontairement accepté la responsabilité du travail, ne fait pas le travail, il est renvoyé avec la classification ‘d’abhyasi ne travaillant pas’.

Parfois je pense que c’est bien dommage, car des mesures punitives auraient fait le plus grand bien à la Mission (…) Il y a ici beaucoup de précepteurs qui ont insisté pour que les abhyasis tombent à leurs pieds — pour leur perte, leur perte personnelle. A chaque fois que quelqu’un tombe à vos pieds, vous devez tomber encore plus bas qu’il n’est tombé — rappelez-vous ceci (…) [Dans le Sahaj Marg] Nous recevons Rien, avec un ‘R’ majuscule. Souvenez-vous de ceci, s’il vous plaît. C’est pour cette Rien-té que nous sommes venus ici, que nous éliminons tout, couche après couche, ce à quoi l’ego s’oppose vigoureusement à chaque étape de ce processus, à tel point que nous devenons notre propre champ de bataille sur lequel nous nous combattons nous-mêmes, avec notre propre ego, perdant souvent la bataille (…) Ainsi vous voyez, c’est une chose très sérieuse que nous avons entreprise, pas par responsabilité envers la Mission ou le Maître ou la méthode — ce sont des illusions. J’ose dire : « Je ne travaille pas pour mon Maître. » Je n’ai jamais travaillé pour mon Maître. Si je dis que je travaille pour Lui, je prononce un mensonge. La vérité, c’est que je travaille pour moi-même (…) Ainsi vous voyez, qu’est-ce qui nous fait gagner la valeur spirituelle, la grâce spirituelle et l’évolution spirituelle que nous pouvons accepter sans rien avoir à faire pour cela ? La sincérité, l’honnêteté, la loyauté. Ou, comme l’a énoncé Babuji : l’obéissance au Maître, l’amour pour le Maître et le satsangh avec le Maître — trois choses."



Résumons !

Chari déclare qu'il travaille pour lui-même, non pas pour son maître. On s'en doutait bien un peu…
Sinon, l'essentiel de ce discours concerne les précepteurs, leur rôle et leurs dérives.
Ils apprécieront d'abord le fait que cette conférence ne soit que la deuxième vraiment sérieuse (quid de toutes les autres ?), et il ne précise même pas quelle était la première.
Si l'on croit en la véracité de la citation de Babuji faite par Chari, cela signifie que Babuji avait déjà remarqué les conflits d'ego entre précepteurs, ce qui fait remonter les problèmes de pouvoir au sein de la SRCM à plus de 25 ans. Là encore, on s'en doutait bien un peu, la nouveauté c'est que c'est Chari qui le dit…

D'après Chari, une telle scission de la SRCM ne s'est produite qu'une seule fois. On peut en douter aujourd'hui, on peut aussi regretter que ce qui semble le gêner le plus soit le détournement de biens de la SRCM, et non pas celui des âmes. Mais on peut aussi s'interroger comme lui sur l'absence d'honnêteté de senior précepteurs censés se trouver dans la région centrale.

Contrairement à Kasturi, Chari ne fait aucune différence entre préfet et précepteur.
Ils apprécieront aussi le rôle que Babuji (dixit Chari) leur attribue : des serviteurs dociles corvéables à merci et jetables après utilisation. Tout comme Chari !

On comprend aisément, dans ces conditions, pourquoi ils peuvent parfois être indisciplinés, qu'ils s'opposent à l'autorité et souhaitent créer du séparatisme. Surtout lorsque Chari annonce qu'il travaille pour lui-même, pourquoi n'en feraient-ils pas autant après tout ?

Selon Chari, il y a eu un cas de scission, trop de précepteurs éliminés. Le bilan est probablement plus important. La SRCM est gangrenée par les problèmes de pouvoir et il le reconnaît.

Voici ce qu'il disait dans "He, the Hookah and I" (Discipline 17) :

"(…) Et plus important que tout – pas de politique dans la Mission. Je ne parle pas du Congrès ou du Hindu Sabha, ou de choses de ce genre. Je parle d’actions entreprises dans un but politique à l’intérieur de la Mission pour évincer quelqu’un du pouvoir, pour incriminer quelqu’un injustement, pour dire du mal de quelqu’un qui n’est pas mauvais, pour encenser quelqu’un qui n’est qu’un gredin et un vaurien. C'est ceci, faire de la politique, sous sa pire forme : assassinat de personnalité. A moins que les précepteurs ne surmontent ces tentations afin d’obtenir de l’avancement en marchant sur le cadavre de quelqu’un qu’ils ont détruit - la Mission ne pourra pas survivre, et elle ne sera qu’un nom sur quelques bâtiments vides. J’espère que la Shri Ram Shandra Mission n’en arrivera jamais là parce que, après tout, il y a une hiérarchie bienveillante, qui nous guide et qui veillera sûrement à l’avenir de la Mission, à son bien-être, à sa capacité à aider l’humanité et à l’encourager de plus en plus au fil du temps."

La SRCM n'aurait donc pas survécu à ces problèmes de pouvoir, elle ne serait plus qu'un nom sur des bâtiments vides.

A quoi doit-on cette soudaine honnêteté ? Est-ce un signe de sénilité ? de cynisme ?...