Projet Sahaj Marg (Organisation)

Une organisation complexe et ramifiée

mercredi 28 novembre 2007

Préambule

(Dernière actualisation : 18 décembre 2007)

A l'origine, il y a le maître et ses disciples. Lorsque le nombre de disciples se multiplie, le maître a besoin de relais, les précepteurs. C'est l'organisation spirituelle, mais avec sa croissance vient un moment où tout cela doit se structurer. La gestion administrative et financière s'en mêle. C'est ce qui s'est passé à la SRCM, qui fait cohabiter ces différents niveaux organisationnels, plus ou moins cloisonnés.

Schématiquement, on pourrait dire que la pyramide du pouvoir tourne autour de l'organisation spirituelle, le Sahaj Marg tandis que la gestion administrative de cette gigantesque structure c'est la SRCM, la gestion financière ce sont les fondations SMSF. Evidemment, Chari domine le tout.

Organisation spirituelle

(Dernière actualisation : 9 décembre 2007)
Au sommet, il y a le maître vivant du Sahaj Marg, représentant spirituel de Babuji. A la base, il y a 100 à 300 000 abhyasis, selon les sources que l'on veut bien considérer. Et entre les deux, 2 à 3000 précepteurs. C'est le schéma classique traditionnel. Mais il s'est compliqué avec le temps et la croissance. Peu à peu s'est constituée toute une hiérarchie complémentaire entre les précepteurs et Chari.

1. Précepteurs et centres

En théorie, le précepteur (prefect) est un abhyasi choisi et préparé par Chari pour donner des sittings individuels aux abhyasis (méditation, cleaning) où il sert de canal au maître. Dans ces conditions, un précepteur ne peut guère s'occuper de plus de 15 adeptes, la fourchette allant de 8 à 20. Difficile de comprendre comment un précepteur indien peut s'occuper de 100, 200 ou 300 abhyasis… à moins d'une explication culturelle de choc ou bien d'un rôle très différent des précepteurs indiens. Je crois plutôt à des effets d'annonces d'effectifs d'abhyasis indiens volontairement gonflés !

En pratique, une hiérarchie spirituelle s'est très tôt établie, avec les "full précepteur" censés avoir atteint la région centrale et les "senior précepteur", qui en sont proches. Mais le rôle spirituel initial du précepteur a aussi beaucoup évolué en raison des objectifs de croissance qu'a fixé Chari. Longtemps, ce sont les précepteurs qui ont joué le rôle de rabatteurs et d'enrôleurs au sein de la Mission. Difficile dans ces conditions d'être à la fois un bon canal spirituel du maître et un prosélyte exacerbé. Devinez quel profil a préféré Chari ? Il serait toujours temps plus tard de s'occuper du développement spirituel des nouvelles recrues.

Le centre est le lieu des méditations hebdomadaires de groupe (satsangh). Il réunit un ou plusieurs précepteurs autour d'un groupe de membres actifs d'une même région. C'est généralement le salon d'un abhyasi, parfois une salle prêtée ou louée, plus rarement un ashram. S'il y a plusieurs précepteurs, l'un d'entre eux est le "précepteur in charge" du développement spirituel du centre.

A titre d'exemple, en France, pour 1 100 adeptes, on compte 43 centres et 97 précepteurs soit un centre pour 25 abhyasis et un précepteur pour 11. Mais tous les centres ne sont pas d'égale importance, loin de là. Ainsi, la SRCM distingue 8 grands centres, dont 3 ont leur propre ashram, et 35 petits centres.

2. Zones et régions

Avec la croissance des effectifs, mais aussi pour l'encourager, sont apparus des administrateurs pour encadrer les précepteurs. Chacun, précepteur comme administrateur, devait effectuer un rapport mensuel directement envoyé à Chari. Il fallait y mentionner le nombre de sittings réalisés durant le mois et tout particulièrement le nombre de sittings d'introduction de nouveaux abhyasis.

En 2003, Santosh Khanjee a complètement réorganisé ce système hiérarchique qui s'engorgeait avec le développement géographique et numérique de la Shri Ram Chandra Mission. Pour ce faire, il a réalisé un nouveau découpage géographique de l'organisation spirituelle. L'entité minimale est le centre, avec un groupe de membre actifs et son ou ses précepteurs. L'entité supérieure est la région, à savoir un continent ou un sous continent. Entre les deux, il y a la zone et éventuellement la sous-zone.

A titre d'exemple, pour la SRCM, la France fait partie de la région "Europe" et de la zone "Espace francophone, Espagne et Iles britanniques". Ensuite, la France est elle-même découpée en 6 sous zones. Récemment, sont venues se greffer des "développeures", en charge des petits centres de la zone à laquelle elles sont rattachées. Il s'agit généralement des anciennes ZIC...

Ainsi le découpage de la planète par la SRCM fait apparaître 8 régions :

  • Océanie Pacifique
  • Amérique du nord
  • Amérique latine
  • Afrique et Océan indien
  • Europe
  • CEI
  • Moyen Orient
  • Asie

L'Europe est ensuite découpée en 4 grandes zones : Espace francophone, Espagne et Iles britanniques ; Pays germaniques ; Scandinavie ; Italie et Europe de l'est. Si ces découpages voit leurs frontières évoluer un peu au fil du temps, le schéma général hiérarchique demeure invariant : centre, zone, région.

A chaque niveau, Chari désigne un précepteur qui doit promouvoir la croissance spirituelle et remettre un rapport mensuel au niveau hiérarchique immédiatement supérieur :

  • Region-in-charge (RIC)
  • Zone-in-charge (ZIC)
  • Centre-in-charge (CIC), à ne pas confondre avec les vice présidents des SRCM nationales souvent dénommés de la même manière

Chaque responsable peut s'entourer d'un comité consultatif. Ainsi Chari a son propre comité exécutif composé de son fils, son successeur et Santosh Khanjee. Les RIC ont leur Advisory Committee. Au dessous commence l'imbroglio qui mêle organisation spirituelle et structures administratives nationales. Cette première organisation est aussi la pyramide du pouvoir, les hauts niveaux constituant l'essentiel du cercle rapproché (inner circle) de Chari.

Dans l'esprit de Chari et de Santosh Khanjee, cette organisation est conçue pour faire du prosélytisme comme on fait la guerre, avec plan, stratégie et tactique militaire pour l'occupation du territoire (le ZIC est comparé au général, le CIC à un "field commander") :

"Strategy formulation. The zone-in-charge is like a General, in charge of a territory. He has to evolve a strategy for effective penetration of his territory. He has to communicate this strategy to all the centres-in-charge, and convince them of its efficacy. He has to evolve a tactical plan to make this work (…) Tactical plan. The zone-in-charge has to plan where and how to grow the Mission. He has to device the means to achieve this growth. He has to train the functionaries in his zone to undertake this task. He has to monitor this activity and make corrections where necessary. He has to conduct annual reviews of this plan, and send a progress report to Chennai." - Formation des Zone-in-Charge et Centre-in-Charge (4 avril 2004, Hyderabad).

Gestion de la Mission

(dernière actualisation : 18 décembre 2007)
A la tête de la structure il y a le guru président Chari. Il est assisté d'un comité éxécutif, triumvirat qui rassemble son successeur désigné Ajay Kumar Bhatter en charge des finances, Santosh Khanjee à la tête de l'administration et son fils P.R. Krishna en charge du patrimoine de la Mission.
1. Structure administrative et financière
La croissance numérique de la Mission nécessite une administration et des flux financiers, alors que c'est le fils de Babuji qui a repris la présidence officielle de la Mission, laissant Chari sans structure. Ce dernier encourage donc les abhyasis à créer des associations nationales un peu partout dans le monde (France en 1986, Belgique en 1994, etc.)
Partout, Chari est nommé président, et ce n'est que le vice président qui est un autochtone. Une partie des membres du Conseil d'administration est constituée de fidèles de Chari, souvent étrangers au pays d'accueil de l'association. Les statuts donnent tous pouvoirs à Chari et, lorsque la législation ne le permet pas, ils renvoient à un règlement intérieur qui les complète.
Au début des années 2000, Santosh Khanjee tente de professionnaliser cette structure administrative devenue très lourde. Dès 1998, les Iles britanniques lui servent de laboratoire d'essai. D'abord, il regroupe des pays entre eux (Royaume Uni et Irlande), ensuite il essaie d'imposer une répartition des tâches : d'un côté l'administration aux abhyasis, de l'autre la spiritualité aux précepteurs. Enfin, il rationalise les activités avec son schéma appelé "flower system" où le coeur de la fleur est constitué par le Bureau et le Conseil d'administration, les pétales par les différents secteurs d'activités.
Ce système est rapidement généralisé. Création d'un "management committee" avec un vice-président, un secrétaire, un trésorier et un audit, ainsi que de secteurs d'activités au sein de chaque association, avec une déclinaison identique pour les ashrams et les grands centres. Le partage des tâches spirituelles et administratives reste partiel mais la fusion des associations à un niveau supranational progresse, à l'exemple du modèle de découpage des régions et zones spirituelles (Océanie, Benelux, zone germanophone, etc.). Même la France qui résiste se voit doter d'une vice présidente étrangère et qui réside en Suisse...
En parallèle, il dépouille largement les associations de leurs fonds en les recentrant sur la seule gestion financière du quotidien et en créant une fondation texane pour la gestion du patrimoine de la Mission.
En France, le Management committee se confond avec le conseil d'administration de cette association loi 1901. Il est composé du président Chari, d'un vice président, un secrétaire, un trésorier, un auditeur interne et une personne chargée des relations extérieures ainsi que de quelques membres, dont une grande partie sont étrangers. Il existe aussi différents secteurs d'activités : finances, information interne, séminaires, aspects juridiques, éditions-publications et centres. Ces derniers sont répartis en deux catégories : 8 grands centres avec une salle dédiée à la méditation (en location ou en propriété) et les 35 autres petits centres. Seuls les grands centres ont un management committee pour l'administration. On y trouve là encore différents secteurs : secrétariat et communication interne, finances, mais aussi accueil, bibliothèque, ateliers, entretien et maintenance.
L'ensemble de l'administration est pilotée par Santosh Khanjee, membre du comité éxécutif de Chari en charge de l'administration et patron de l'Office du Secrétariat aux Affaires Internationales (OSIA). Cet office comporte lui aussi plusieurs secteurs : finances, ashrams, technologies de l'information, développement, opérations et publications. Cette instance supérieure impose un modèle unique d'organisation à tous les échelons administratifs.
2. Communication interne & externe
Un journaliste danois infiltré à Vrads Sande rapporte : "Il vous faut écrire votre état et vos progrès mentaux, explique George au groupe du soir. Ce soir, on apprend comment écrire son journal. Tout élève abhyasi obéissant doit, au moins une fois par mois, envoyer son journal, qui contient son développement mental, au Maître. Très souvent, l'élève reçoit une réponse personnelle écrite par le Maître. Et personne ne s'étonne des facultés fantastiques du Maître. Celui-ci peut lire tout cela, le traduire, écrire une réponse à la machine bien que la secte compte quand même quelques 200 000 adhérents dans le monde. Cela veut dire que le Maître doit lire quelques 6 700 lettres par jour (…)." Ekstra Bladet du 13/09/04, traduit par Cyril Malka

Derrière cette masse de correspondance entre les abhyasis et Chari se cache un impressionnant pool de secrétariat basé au Babuji Memorial Ashram. Car il y a aussi centralisation de tous les rapports mensuels de précepteurs, responsables de zones et de régions. Sans compter les cartes d'identité internationales de la SRCM pour les abhyasis qui conduisent à la gestion d'un très gros fichier d'adhérents. 200 000 ?!

La transcription des moindres paroles de Chari constitue elle aussi une tâche faramineuse. Elles passent par un comité de relecture (censure ?) puis sont traduites dans de nombreuses langues et compilées pour être publiées sous formes de livres, CD, DVD, etc. Ils sont commercialisés à prix d'or auprès des abhyasis et constituent entre un tiers et la moitié du chiffre d'affaires des SRCM nationales. Leur quantité et les gains qu'ils produisent ont conduit la Mission à se doter de moyens d'édition très importants.

A côté, il y a aussi la publication de bulletins internationaux (Constant Remembrance, Sahaj Sandesh) ou régionaux (tels European letter, Oceania newsletter, Echo d'Afrique, etc.) dont le nombre a été sérieusement revu à la baisse au fil du temps pour être mieux contrôlés : les contenus proposés passant toujours par des comités de diffusion maintenant. Ainsi des chargés de communication ou de relations presse ont progressivement été imposés d'en haut. Ce qui amène au plan local aujourd'hui à la désignation d'une personne unique pour répondre aux questions de l'extérieur lors de portes ouvertes organisées par les centres.

Longtemps, Chari a aussi interdit les échanges entre abhyasis en dehors du cadre strict de la Mission. En mai 2004, le précepteur Clark Powell a mis en service un site internet (www.invertendo.com) avec un blog et deux forums (dont un réservé aux abhyasis) pour les "voyageurs spirituels", en précisant bien qu'il n'était pas associé officiellement à la Mission. Mais le 2 juillet suivant, Chari ordonnait la fermeture du site : "I have been seeing the mails between you and others proliferating, and this causes me disquiet. By this mail I finally request you to stop your website invertendo.com permanently and oblige. I thank you for your obedience." Powell a obtempéré immédiatement…

Une tâche devenue difficile donc avec le développement du web et les blogs critiques, ce qui a amené Chari à l'autoriser en mars 2007, alors que six mois plus tôt on pouvait lire dans Sahaj Sandesh (N°2006-68 du 20/09/2006) : "Sur les conseils du Maître, la Mission a adopté une politique pour décourager l'utilisation des groupes en ligne, chats rooms, blogs, listes privées d'emails ou l'utilisation non autorisée par des tiers de listes de diffusion pour disséminer l'information relative à la Mission".

De la même façon, la SRCM s'était protégée en déposant des marques protégées aux USA pour Shri Ram Chandra Mission®, Sahaj Marg®, Constant Remembrance®, etc.

Pour approfondir...

(Dernière modification le 20 août 2009)